PARLONS RSE

“La RSE, ce n’est pas la cerise sur le gâteau… La RSE est au coeur de la recette”

3 QUESTIONS À …  Marie-Pierre COLLIN 

Responsable Communication et RSE chez Provepharm

 

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Acteur pharmaceutique indépendant basé à Marseille, Provepharm enchaîne les succès et affiche une croissance continue depuis plus de 20 ans. 

Derrière cette aventure humaine et collective qui rassemble aujourd’hui près de 150 collaborateurs, Michel FERAUD, son président, revendique les chemins de traverse qu’il a choisi volontairement d’emprunter dès 1998, loin des voies toutes tracées des biotechnologies et des médicaments génériques. 

“La revanche des molécules oubliées” pourrait être la signature de Provepharm. Après le bleu de méthylène qui a fait son succès, le laboratoire poursuit d’année en année son développement sur cette dynamique qui consiste à concentrer l’innovation sur des molécules déjà existantes, souvent négligées, pour permettre ainsi la mise à disposition de nouveaux traitements. La méthode fait le succès du groupe en Provence mais aussi à l’international avec sa filiale basée aux Etats-Unis et une distribution dans près de 30 pays.

Mais cette réussite, maintes fois saluée et primée, n’a en rien modifié l’ADN de Provepharm qui présente depuis sa création une responsabilité sociétale portée en étendard, pour une croissance durable et responsable. 

Marie-Pierre COLLIN décrypte pour nous la stratégie RSE de Provepharm, nativement engagée.

Comment s’est dessinée la démarche RSE du groupe Provepharm ?

En rejoignant Provepharm en 2019, j’ai découvert une entreprise nativement très engagée. C’était de l’ordre de la philanthropie car son président fondateur, Michel FERAUD, porte en lui la conviction qu’il faut redonner au territoire, en réussissant à conjuguer business et valeur humaine. 

L’engagement est un marqueur fort, il fait véritablement partie de l’ADN de l’entreprise et de ses valeurs. 

La RSE n’a jamais été perçue comme une contrainte, bien au contrainte, elle s'est imposée comme une opportunité stratégique et une fierté pour notre collectif.

A mon arrivée au sein du groupe, j’ai souhaité structurer la responsabilité sociétale pour lui donner une nouvelle impulsion. Une organisation a été mise en place avec une gouvernance dédiée qui supervise à la fois nos actions RSE intégrée mais aussi nos actions philanthropiques à travers le fonds de dotation.

Ce modèle de gouvernance permet de s’assurer que nos engagements soient réellement ancrés dans la stratégie globale d’entreprise, depuis le haut. Car la RSE est un domaine tellement vaste et complexe qu’il faut impérativement la conviction, l’impulsion, l’attention et le soutien de la Direction pour aligner mission, vision, valeurs et engagements.

 

Vous semblez piloter la RSE avec les exigences réglementaires appliquées aux grands groupes ?  

C’est une réalité, Provepharm n’avait aucune obligation légale* de s’engager à ce niveau, et pourtant, nous avons mis la barre haute tout seul ! Mais comme je l’indiquais précédemment, nous ne partions pas de zéro, tout était déjà là pour faire rayonner la RSE plus fort encore. 

Alors on a avancé avec méthode, en se référant toujours aux standards que sont le Global compact (Pacte mondial Réseau France) ou encore Ecovadis qui nous ont permis de prioriser, de structurer notre démarche sans s'éparpiller. 

… Mais je n’ai pas mené cette démarche en solitaire ! La RSE, c’est une aventure collective, qui doit être partagée et portée par tous pour mieux progresser. Ce n’est pas la lubie d’un service isolé qui suit les tendances du moment. Pour nous, la RSE imprègne véritablement  la culture d’entreprise et se vit au quotidien avec l’ensemble des collaborateurs, mais aussi avec toutes nos Parties Prenantes. Un dialogue permanent et ouvert sur le sujet nous a permis de cartographier nos priorités, nos axes de progression, nos objectifs. Dans cette dynamique, nous avons décroché le label “Great Place to work” pour la 3ème année consécutive.

Faire toujours mieux, pour aller plus loin ensemble. Aujourd’hui, nous sommes pleinement engagés dans cette phase de déploiement et l’idée consiste à intégrer la RSE dans chacune de nos activités sur l’ensemble de notre chaîne de valeur. C’est un vrai moment charnière pour nous et un vrai challenge dans lequel toutes les directions sont impliquées (ressources humaines, achats, marketing, industrialisation, chimie…) pour relayer l’action.

A ce titre, nous avons mis en place un “Lab RSE” qui invite les collaborateurs français et américains à engager une réflexion sur de nouvelles méthodes de travail autour de thématiques structurantes. La cellule d’intelligence collective consacrée à la RSE permet à tous les collaborateurs d’émettre des propositions sur les engagements sociétaux qu’ils considèrent comme pertinents pour le groupe. Nous sommes dans une démarche de profonde transformation qui va se renforcer encore en 2023 avec l’intégration d’objectifs RSE dans la roadmap stratégique de Provepharm, et à terme déclinés dans chaque direction du groupe. Cette étape a déjà été testée au sein d’un département dans lequel managers et équipes ont réfléchi ensemble aux indicateurs appropriés à leur niveau pour améliorer leurs performances sur les piliers sociaux et environnementaux. La RSE peut s’apparenter quelques fois à un laboratoire. Il faut tester, avancer et se projeter plus loin encore pour dessiner de nouvelles ambitions à l’image du label B Corp que nous convoitons pour l’année à venir. C’est un label qui correspond à nos ambitions pour le groupe, à la fois très ancré sur le territoire, mais avec un fort développement à l’international avec notre filiale basée aux Etats-Unis et la commercialisation de nos produits dans plus de 30 pays. Nous sommes engagés dans ce processus de labellisation. Nous avons procédé à notre diagnostic en profondeur sur tous les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance. 

 

Quels conseils donneriez- vous à une entreprise qui souhaiterait se lancer dans une démarche RSE ? 

Je dirais d’y aller avec son cœur et de commencer par ce qui semble le plus évident car c’est une pelote que l’on déroule. C’est avant tout une démarche sincère, à faire à son niveau et qui touche au cœur de l’entreprise ou de l'organisation qui s’engage. Ça révolutionne nos façons de penser et d’agir, mais c’est passionnant. Je conseillerais aussi d’échanger avec ses pairs, c’est important. Et puis pour amorcer la démarche, il est possible de se faire accompagner, de se faire conseiller. Ponctuellement, je n’hésite pas à faire appel à des experts ou à utiliser des solutions clés en main comme les plateformes qui permettent de mieux piloter sa trajectoire. Ce sont des outils et des soutiens précieux qui nous aident à passer des étapes importantes. Actuellement, il y a vraiment de quoi se faire aider pour se lancer. Il n’y a pas de mauvaise manière de s’engager à partir du moment où la conviction est forte et partagée avec la direction.

Engager une démarche RSE peut paraître une montagne, mais c’est une idée reçue. C’est vraiment la théorie du colibri, on y va pas à pas. Ce qui compte, c'est la progression. Toute progression est valorisée. 

Alors, si j’avais un seul conseil à donner : lancez-vous !

 

Interview réalisée par l’agence de conseil et d’accompagnement TANDEM Stratégies.

 

* Actuellement, les entreprises cotées et les entreprises dépassant au moins deux des trois seuils suivants : 20 M € de bilan, 40 M € de chiffre d'affaires ou 500 salariés, ont obligation d'un reporting extra-financier afin de publier leurs données Environnementales, Sociales et de Gouvernance..

Dans le contexte du Green Deal européen, une nouvelle directive européenne, la CSRD (Corporate Sustainibility Reporting Directive) s’appliquera en 2025 aux entreprises (incluant PME et SAS jusqu’ici exemptées) remplissant deux des trois critères suivants : 250 employés, 40 M€ de chiffre d’affaires, ou 20 M€ de bilan. Cette directive sera applicable dès le 1er janvier 2025 (sur l’exercice 2024), et pour les PME cotées (10 à 250 employés) à partir du 1er janvier 2026.